La Master Class de Junichi Masuda à Japan Expo 2016
En ce jeudi 7 juillet 2016, l'expédition Pokémon JeuxOnline à la Japan Expo est en route ! Composée de Yun (@Yun_rpg) et de moi-même (@Malison), elle avait un objectif capital à remplir, à savoir relayer la Master Class donnée par le grand Junichi Masuda (l'un des trois artisans initiaux de la saga Pokémon et sans aucun doute le plus médiatique) dont le thème annoncé était assez flou. En cette année de sortie de nouvelle génération (Soleil et Lune, prévus pour fin novembre), on s'était même mis à rêver à une hypothétique exclusivité dévoilée pendant cette Master Class...
Retour sur cet interview riche en anecdotes et autres informations qui intéresseront tout amateur de Pokémon.
L'arrivée dans la salle
Prévue pour 12h30 sur la scène Ichigô, les principaux protagonistes de la Master Class se font attendre. D'ailleurs, "Master Class"... ça en jette, comme nom ! Surtout pour quelque chose qui, selon les bruits, allait être une série d'anecdotes sur Pokémon et le développement de X/Y. C'est comme si on nous avait annoncé un Euro dominé par le Portugal : sur le papier, ça peut être séduisant séduisant, mais quand on y assiste de plus près, on se sent trompé sur la marchandise. Mais je m'égare (c'était d'ailleurs depuis celle de Bercy, ce jour-là).
Nous attendons donc dans une immense salle remplie seulement à moitié, bien placés juste devant un grand passage qui nous permet d'étendre les jambes - merci à Yun pour s'être rué dessus (ou presque), et merci à JeuxOnline pour les accréditations presse qui nous ont fait passer par un petit raccourci dont vous nous diriez des nouvelles ! Il fait frais, la musique du Centre Pokémon de X et Y est jouée depuis les hauts-parleurs, il ne manque qu'un petit diabolo fraise et des pop-corns. Quoique, vu l'heure, un petit rosé pamplemousse serait très bien passé (à consommer avec modération et tout, mais de toute façon, on a rien consommé).
En attendant, on s'occupe en faisant un combat tout en observant le nombre ahurissant de "Passants" présents dans la salle (à savoir les autres joueurs que notre 3DS repère proche de nous). Quelques minutes et un match gagné par Yun plus tard (quelle idée de mettre un Mouchoir Choix à un Etouraptor avec Vive-Attaque, aussi !), l'homme qui fera l'interview arrive sur scène et nous précise un peu plus le sujet : pour les 20 ans de la saga au Japon, Junichi Masuda viendra répondre à des questions concernant l'histoire de Pokémon et ses secrets. Bon, sur le papier, on est pas très loin de ce qu'on m'avait dit donc ça n'envoie pas spécialement du lourd, annoncé de la sorte. Mais bon, en même temps, on est venu pour ça, et il fait très frais comparé au reste du salon, donc on ne va pas se plaindre. Et même, à la fin, on aura droit à une surprise !
Pokemon Go, le jeu smartphone qui affole le monde entier en ce moment
Le regard de Yun s'illumine et il songe tout de suite au dévoilement d'un Pokémon inédit (le même genre de situation minus Masuda avait été vécu il y a 3 ans avec l'arrivée de Monorpale pour les futurs X et Y) ; moi, de mon côté, je pense plutôt à une nouvelle sans intérêt sur Pokémon GO qui venait de sortir "en Océanie" (mais avec de la bidouille, beaucoup de monde dans la salle l'avaient déjà) et commence à préparer mon plus beau hashtag #niquemasuda, juste au cas où. Bon, et aussi, je prends mon carnet et mon stylo puisque aucun moyen de prise vidéo ou audio n'est possible dans la salle - des hôtesses patrouillant tels les gardes du Château de Zelda nous le rappellent sans cesse avec des gros panneaux en carton. Comme je suis un peu poisseux et que je n'ai pas envie qu'on me retire mon accréditation, je ne tente pas le coup.
Les origines de Pokémon et Game Freak
Qu'à cela ne tienne, je suis retourné cinq ans en arrière sur les bancs de la fac, sur le qui-vive. Si le style et l'écriture sont un peu rouillés, la pratique reviendra vite !
Par conséquent, les mots ici utilisés ne seront pas exactement ceux qui ont été prononcés dans la salle ce jeudi, mais je ferai de mon mieux pour retranscrire l'expérience sans la trahir.
Masuda arrive avec son traducteur. Jean et blouson en cuir, il a opté pour un petit look quadra BCBG. Décontracté et prêt à envoyer des vannes, celui qui est l'un des papas de Pokémon commence à recevoir les questions.
J'utiliserai un code couleur pour mieux différencier les différentes personnes.
- Bleu pour le journaliste. D'ailleurs, j'utilise le terme de "journaliste" qui n'est pas spécialement précis parce que c'est beaucoup plus court et pratique que "le mec de chez Nintendo qui pose des questions".
- Rouge pour monsieur Junichi Masuda.
- Et avec la couleur noire normale, ce sera des commentaires de ma part.
Journaliste : Vous êtes déjà venu en France mais jamais à Japan Expo, êtes-vous content d'être ici ?
Masuda : Oui, en effet. Je voulais venir depuis longtemps et je suis très content d'être ici.
Bon, en même temps, il n'allait pas répondre "écoutez, la bouffe dans le train était immonde et il fait trop chaud ici". Petite question d'intro classique pour bien débuter.
Journaliste : Les origines de Pokémon remontent aux années 90-91, comment travailliez-vous au tout début ?
On nous montre une photo d'un tout jeune Masuda. D'emblée, il plaisante sur le fait qu'il a bien grossi depuis - ça va presque devenir un running gag tellement il reviendra dessus pendant la séance.
Masuda : Quand nous avons commencé chez Game Freak, nous étions 9 personnes dans un tout petit appartement pour le développement de Pokémon Rouge et Pokémon Vert. L'ambiance était très familiale, on se sentait à la maison.
Journaliste : Game Freak ne travaillait pas encore avec Nintendo. Comment s'est passée la rencontre et la collaboration ?
Et ça m'a marqué sur le coup : Masuda a fait un hors-sujet qui lui aurait valu moins de 5 au bac de philo.
Masuda : Quand on a commencé à développer des jeux (et notamment Pokémon), on pensait plutôt au concept plutôt qu'à la console. L'idée de base pour les échanges de monstres a été un jeu qui s'appelait le menko.
Le menko est un jeu japonais qui ressemble aux Pogs (vache, ça ne me rajeunit pas... je pense même que les plus jeunes n'auront aucune idée de ce dont il s'agit) dans lequel il fallait empiler des petits disques ou cartes en carton représentant des personnages ou autres monstres et les frapper avec un autre disque ou carte pour essayer de les retourner : le vainqueur remporte tout ce qui a pivoté. Je me rends compte que mon explication est assez brouillon, vous n'aviez qu'à jouer aux pogs quand vous étiez petits !
Des piles de pogs. Jolie allitération en "p"
Cette version m'a assez surpris. Fan de Pokémon depuis la première heure, j'ai lu plusieurs ouvrages parmi lesquels l'excellent Générations Pokémon 20 ans d'évolution de Loup Lassinat-Foubert et Alvin Haddadène et je n'avais jamais entendu parler de ça. Généralement, on lit que l'idée initiale est venue de la collection d'insectes que faisait Satoshi Tajiri enfant (l'un des trois fondateurs de Pokémon), voire d'une légende urbaine disant qu'un insecte aurait marché sur un câble link de GameBoy pendant une partie de Tetris... de quoi ajouter un peu plus à la légende sans vraiment qu'on sache quelle hypothèse est la vraie, ou s'il s'agit d'un peu des trois.
Masuda : Nous avons été contactés par Nintendo et le GameBoy et son câble link est naturellement devenu le support de Pokémon.
On est d'accord : la question de base est passée au second plan.
Journaliste : Nous sommes en 1994. Êtes-vous serein pour la sortie qui approche ? Êtes-vous prêt ?
Masuda : Le développement a duré environ 6 ans, mais le vrai travail a eu lieu de 94 à 96. Nous avions beaucoup d'idées pour les Pokémon mais pas assez de place : nous avons dû organiser des élections entre nous pour savoir lesquels nous allions introduire.
On note ici deux choses : premièrement, qu'il y a eu de la glande sur les quatre premières années et que tout s'est joué sur les deux dernières, et ensuite que d'autres Pokémon étaient prévus pour la première génération. Ceux qui, comme moi, ont lu l'ouvrage mentionné plus haut connaissent déjà cette anecdote et savent que des Pokémon comme Farfuret ou Volcaropod auraient été présents dès la première génération s'il y avait eu la place sur la cartouche.
Journaliste : 20 ans après, quelles sont les cartouches auxquelles vous êtes le plus attaché ?
Masuda : Le développement de Rouge et Vert a été très difficile, et ces jeux occupent une place particulière pour moi. Les ordinateurs étaient vieux et la fumée de cigarette permanente les faisaient crash, si bien que nous avons passé beaucoup de temps à la maintenance de ces PC. Pokémon Rouge et Pokémon Vert auraient pu ne jamais sortir.
Quand on vous dit que Fumer, c'est mal ! Dire qu'on aurait pu passer à côté de cette magnifique saga à cause d'ordinateurs en bois... ça donnerait un bon slogan à mettre sur les paquets de cigarettes.
Le combat de titans
Petit interlude : pour fêter 1999 et la sortie de Pokémon Rouge et Bleu en France, Junichi Masuda fera un match sur ces versions contre l'un des Youtubers français les plus connus, si ce n'est le plus connu : Newtiteuf. Sur Gamecube avec de vraies cartouches, en plus !
Newtiteuf, sommité française du Pokéweb
Bon, autant dire que Masuda est un sac. Ou plutôt qu'il fait exprès de faire le sac.
Chaque joueur a deux Pokémon (mais ça se joue en un contre un, on est en première génération !) avec Dracaufeu pour NT et Psykokwak pour le Japonais.
VS
Après un échec, l'Hydrocanon critique du petit canard Baptiste prend le KO sur le presque dragon de feu. 1-0 pour Masuda.
VS
Newtiteuf dévoile son second Pokémon : il s'agit de Nidoking qui vient achever le Psykokwak avec un Séisme. Il faut dire que la Tranche subie l'avait un peu affaibli. 1-1.
VS
Et là, pour rigoler, Masuda sort son dernier Pokémon : un Mewtwo. Comme ça, dans le plus grand de tous les calmes.
C'est là que la clown fiesta commence et qu'il finira par perdre en ayant utilisé que des attaques idiotes (comme Ultimapoing ou Météores) alors qu'un petit Psyko aurait plié le match. Bon, si ça se trouve, c'est juste parce qu'il n'arrivait pas à lire les mots en Français, mais on va mettre ça sur le dos de sa bonté. Il voulait que son adversaire remporte le match et ça se voyait - même un peu trop, d'ailleurs. 2-1 pour NT, qui visiblement a réalisé un rêve d'enfant.
D'ailleurs, pendant cette partie, Junichi Masuda a été amené à répondre à une question assez intéressante.
Journaliste : Vous êtes en train de jouer Mewtwo, le 150ème Pokémon. Mais que pouvez-vous nous dire de Mew, le 151ème ?
Masuda : Lors du développement d'un jeu, plusieurs outils de débug sont mis en place et sont supprimés une fois le travail terminé. Après l'avoir fait, nous nous sommes rendus compte qu'il restait assez de place pour ajouter un Pokémon et nous l'avons fait sans en parler à Nintendo. Une fois le jeu sorti, nous leur avons révélé son existence et l'idée est venue de l'offrir lors d'un événement. C'était un énorme succès : des enfants faisaient la queue sur des kilomètres pour l'obtenir.
Nous autres Français dans la salle pleurions intérieurement pour ne jamais avoir eu cette chance. Il a fallu attendre 2004 pour avoir la première "distribution" en Europe (le fameux Zigzaton chromatique réglant le bug de l'horloge de Rubis et Saphir).
Le passage des photographies (que vous ne verrez pas)
L'interview évolue un peu à ce moment-là : des photos seront affichées et Junichi Masuda donnera son ressenti. Bien sûr, il s'agit de photos en rapport avec lui-même, le développement des jeux ou Pokémon en général, rien à voir avec l'Euro ni François Hollande.
Et c'est là qu'on est triste de ne pas avoir pu prendre de photo des photos (ça y est, le jeu de mots est placé, on y reviendra pas).
On nous affiche pour commencer une photo de l'équipe de développement à la période Diamant et Perle.
Masuda : Game Freak était devenu une véritable société à ce moment-là. Le développement de Diamant et Perle a été plus tranquille, autant professionnellement que dans ma vie privée : j'étais marié, je venais d'avoir une petite fille et j'avais commencé à grossir.
Et paf, deuxième fois. Yun et moi-même n'avons pas vraiment l'impression d'avoir un aspirant sumotori devant nous, mais bon : il cachait peut-être ça sous son blouson en cuir.
La seconde photo date de la même époque et on y voit la carte de Sinnoh réalisée en briques Lego.
Masuda : Pour la première fois, nous devions imaginer la carte en 3D. Je suis allé acheter 5 grosses boîtes de Lego et nous l'avons conçue de cette façon.
En 4ème génération, le Mont Couronné est une énorme montagne séparant le continent en deux. Il est doté de 6 étages ainsi que d'un sous-sol et c'est sur son sommet que l'on peut rencontrer Dialga (Diamant), Palkia (Perle) ou aller dans le Monde Distorsion pour y trouver Giratina (Platine). Rétrospectivement, on peut se demander s'il n'aurait pas mieux fait d'aller en Belgique ce jour-là (le Plat-Pays - celle-ci a bien failli être coupée au montage) tant l'architecture labyrinthique de la montagne a cessé d'être amusante pour pas mal de joueurs au bout de 5 minutes. Mais l'intention était là.
Voici la carte de Sinnoh. Bon, d'accord, il faut un peu d'imagination pour se matérialiser tout ça
Cette imposante taille a nécessité une bonne représentation 3D en amont et les célèbres briques ont permis ça. Malheureusement, Junichi Masuda a ensuite affirmé que l'immense carte n'avait pas été gardée et les briques ont été démontées - ça aurait pu faire une très belle pièce de musée pour les passionnés.
La 3ème photographie rassemble toutes les jaquettes des jeux de la série principale sortis à ce jour.
Journaliste : Spontanément, quel est votre plus grand souvenir quand vous voyez ces jaquettes ?
Masuda : Il s'agit de la sortie des jeux Pokémon X et Y. Pour la toute première fois, Pokémon est sorti en même temps dans le monde entier. J'étais à Paris ce jour-là et, un peu partout dans les plus grandes villes du globe, des événements de lancement ont eu lieu. J'ai pu y participer en direct via visio conférence et cette sortie est pour nous un très gros accomplissement.
On se souvient de ce 12 octobre 2013 ! Pour la première fois, nous étions des explorateurs au même titre que le Japon ou les Etats-Unis qui avaient l'habitude d'obtenir le jeu des mois auparavant. Je suis d'ailleurs le premier à avoir annoncé Blindépique comme nom français de l'évolution finale de Marisson (je n'avais trouvé aucune mention de ce nom sur le web à ce moment-là, donc je m'en attribue le mérite). L'accomplissement était d'ailleurs si grand qu'ils ne l'ont pas réitéré pour la sortie de Saphir Alpha et Rubis Oméga, et que ça semble se poursuivre pour Soleil / Lune (prévu le 23 novembre chez nous alors que le jeu sera déjà sorti depuis une semaine dans d'autres régions... ).
La photo suivante est celle de Junichi Masuda avec l'équipe de Pokémon Rhône-Alpes qui avait été relayée sur Twitter. D'ailleurs, c'est la seule qu'on va pouvoir afficher ici ! Il nous raconte l'anecdote.
L'un des bons souvenirs de M. Masuda c'est l'accueil des fans français lorsqu'il était seul à Lyon ! #NintendoJE2016 pic.twitter.com/hKCMcoS1BC
— Nintendo France (@NintendoFrance) 7 juillet 2016
Masuda : J'étais présent aux VGC de Boston en 2015 et c'était un très bon moment. Au retour, je devais me rendre à Lyon mais j'étais un peu perdu. C'est alors que, dans le train partant de Londres, j'ai simplement tweeté "Je vais à Lyon". Quelle surprise quand, à peine descendu du train, je vois 20 fans français venus pour m'accueillir. Quelle émotion !
Journaliste : Est-ce que vous avez juste pris une photo ensemble, ou fait plus de choses ?
Masuda : Bien plus ! Ils m'ont guidé jusqu'à mon hôtel et m'ont aidé pour le check-in. Ils m'ont ensuite fait visiter le Vieux Lyon et nous avons partagé un repas ensemble. Ils m'ont même emmené dans une boutique de Rétro Gaming dans laquelle j'ai pu jouer à de vieux jeux d'arcarde. J'en garde un excellent souvenir.
L'initiative de ces lyonnais a été exceptionnelle. Ils ont pu rendre une partie de la joie que Junichi Masuda donne aux joueurs de Pokémon dans le monde en lui apportant de l'aide dans une ville qu'il ne connaissait pas du tout. Chapeau bas, les gars !
Les quelques photos qui arrivent sur l'écran géant sont des pages des carnets qu'utilise régulièrement Junichi Masuda. Il en a d'ailleurs apporté un sur scène avant de nous expliquer à quoi ils lui servent encore aujourd'hui.
Ces carnets ont tout simplement pour utilité de compiler des notes, des idées et des concepts qu'il trouve dans la vie de tous les jours et qui peuvent potentiellement améliorer l'expérience de jeu des versions Pokémon à venir. Les quelques exemples datent de l'été 2010 : les versions Noire et Blanche venaient juste de sortir et la prochaine génération était déjà sur le feu - Junichi Masuda a pris quelques semaines de vacances en France pour obtenir des nouvelles idées.
La Poké Récré, mini-jeu auquel personne ne touche à part pour faire évoluer Evoli en Nymphali
Par exemple, l'un d'entre eux montre un concept lié à la Poké Récré qui n'a pas vu le jour : le "dorlotage". Il s'agissait d'un système de reconnaissance faciale du dresseur : le Pokémon aurait été en mesure de le "reconnaître" et d'avoir une attitude très joyeuse en le "voyant" ; par contre, il aurait eu une attitude beaucoup plus méfiante si une autre personne s'approchait de la 3DS.
D'autres croquis montrent des panneaux de signalisation. Junichi Masuda a trouvé la signalétique française très facile à comprendre, même pour des étrangers. C'est pour cela qu'on trouve des panneaux dans X/Y, même si leur rôle est au final anecdotique.
Retour aux "vraies" photographies. Cette fois-ci, c'est l'entrée des Catacombes de Paris.
Masuda : Les Catacombes ont été une source d'inspiration, et plus particulièrement l'étroitesse de ses couloirs. Je voulais transcrire ce sentiment oppressant dans Pokémon X et Y, et c'est grâce à la 3DS que ça a pu être possible : il s'agit de la Grotte Etincelante et sa caméra derrière le personnage qui donnent une impression proche de celle que j'ai pu ressentir dans les Catacombes.
Force est de constater que ce rendu est fort réussi avec un passage imbuvable et une orientation très compliquée à garder. C'est ce que j'appellerais personnellement "une fausse bonne idée", mais ça n'engage que moi.
Petit moment amusant : la photo suivante montre Junichi Masuda attablé dans un restaurant devant un énorme plateau de fruits de mer. Le beau plateau de plusieurs étages ! Des huîtres, des coquillages, des gambas... Non, pas le menu ? En général, on commande ça à plusieurs : sauf que lui a dû le manger tout seul, tout ça parce que "fruits de mer" est la première expression française qu'il a connue et qu'il avait sans doute voulu faire le malin à commander ça en Français. Il n'a pas été découragé et a tout mangé - l'Histoire ne nous parle pas de son état du lendemain matin.
Yantreizh ou le Mont Saint-Michel de Pokémon. Une référence française typique.
Viennent ensuite les photos on-ne-peut-plus françaises : les jardins de Versailles dont l'organisation lui a fait penser à un labyrinthe (parfait pour la course-poursuite au Palais Cheydeuvre), la grande allée bordée d'arbres de la Route 6 (qui, selon lui, représente à la perfection les routes de campagne françaises) ou enfin le Mont Saint-Michel qui a directement inspiré la ville de Yantreizh (dont le style imposant de loin comme de près tenait à être retranscrit dans le jeu).
Dernière photo en guise de transition : on voit Junichi Masuda dans une petite salle remplie de matos son à la pointe de la technologie. Il faut dire qu'à la base, c'est un compositeur de musique. Même s'il affirme travailler le plus souvent depuis les locaux de Game Freak, cette photo a bel et bien été prise à son domicile. Nous voilà rassurés, on ne le paye pas à coups de lance-pierre.
Musette, maestro !
Nous voilà lancés dans la partie musicale de la Master Class. Et c'est avec un morceau tiré directement de Pokémon Go que l'on commence :
Junichi Masuda explique facilement ce choix de musique rapide avec une basse assez présente : le thème correspond à la carte de Pokémon Go et est joué alors que l'on marche pour trouver des Pokémon ou autres points d'intérêt, et il fallait donc un rythme rapide et entraînant comme celui-ci. Et ni une, ni deux, voilà qu'il se lève et nous fait un aller retour sur la scène façon John Travolta de l'an 2016. La classe incarnée, les applaudissements du public, un grand moment de télévision. Et puisqu'on vous dit qu'il n'est pas gros !
Fait marquant de la journée, on apprend qu'il a déjà Pokémon Go et a même capturé un Ramoloss dans les jardins du Trocadero. Je me retourne vers Yun et lui dis "c'est ça, la surprise de la journée". Lui, il me répond avec un petit sourire bref qui trahit presque un sentiment de "ces deux jours de Japan Expo vont être très longs". Presque.
La seconde musique est une exclusivité. Il s'agit d'un morceau inédit sur Pokémon Go, la voilà notre exclusivité de la journée ! Non, je ne refais pas le coup à Yun. On a pris la musique pour un remix de celle du Conseil 4 de la 1ère génération, mais la fin nous a montré qu'il s'agissait plutôt d'un arrangement du thème principal. Les sonorités font assez épiques, du bon boulot a été fait dessus.
Du soleil comme s'il en pleuvait !
Vient enfin la partie tant attendue : Pokémon Soleil / Lune pour le 23 novembre (pas de bol, ils ne nous aligneront pas avec la sortie un peu partout ailleurs pour le 18...).
Junichi Masuda nous explique brièvement sa démarche artistique : la région d'Alola est composée de 4 îles inspirées de l'archipel d'Hawaï et il fallait des Pokémon bien spécifiques pour les peupler. La plupart des Pokémon dévoilés sont assez colorés, donnant une certaine aura magique à la génération. Bon, il faut avoir beaucoup d'imagination quand on voit Chrysapile, et éviter d'imaginer des choses étranges avec Denticrisse. Mais les couleurs sont là.
Et c'est à ce moment que le journaliste lance "une quinzaine de Pokémon ont été dévoilés jusqu'à aujourd'hui". Je me retourne vers Yun avec un regard qui veut dire "GG WP", et la vidéo se lance. Nous vivons un moment unique, nous sommes les seuls dans le monde à avoir cette information ! Enfin, les seuls pendant les trois minutes qui précèdent sa mise en ligne sur Youtube.
Grosse hype, comme on dit dans le jargon. Le Pokémon a un double-type inédit, ainsi qu'un Talent entièrement nouveau destiné à bien embêter les Pokémon les plus défensifs comme Airmure, Heatran ou Méga-Florizarre. Force est de constater que les teasers de Soleil et Lune montrent une certaine envie de renouveler le metagame en proposant des alternatives stratégiques crédibles.
Le mot de la faim
La séance se termine, Masuda part sous les applaudissements (donc on laisse tomber le #niquemasuda pour cette fois-ci) et on nous indique gentiment la sortie. Il faut dire que ça tombe bien, il est presque 14h et il commence à faire faim. Yun cherche à me perdre dans la foule, mais j'ai de la chance : sa grande taille m'a permis de ne pas perdre sa trace.
Cette Master Class a été un très bon moment. Fervent adepte des petites anecdotes en tout genre, j'ai été grassement servi lors de cette heure au salon Ichigô. L'événement était d'ailleurs très bien rythmé, avec des passages d'interview pur, un guest (la légende dit que David Lafarge aurait pu y être aussi), ainsi que l'utilisation de supports audio, vidéo et enfin audio-visuel.
En tout cas, le duo de reporters de choc que nous sommes (qui ressemblait plus à un Laurel et Hardy du pauvre, vu de loin) en a pris plein les yeux pendant ces deux jours, un peu comme deux gamins. Notre seconde mission a été de récupérer des cartes à gratter qui débloquent Xerneas et Yveltal chromatiques afin de vous les faire gagner lors de concours, ce que nous avons pu faire, même si nous aurions bien préféré en avoir plus.
Quoiqu'il en soit, nous tenons à remercier Mind et JeuxOnline pour nous avoir permis de couvrir cet événement. Et comme on commence à y prendre goût, on va croiser les doigts pour continuer dans cette lancée !
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